Epinephelus marginatus
Mérou noir ou Mérou brun, Mérou des Provençaux

Systématique

Embranchement: Vertébrés  Famille: Serranidés (s.f. Epinéphélinés)
Classe: Ostéichthyens.
s.classe: Actinoptérygiens 
Genre: Epinephelus
Super Ordre:Téléostéens.
Ordre: Perciformes.
s.ordre: Percoidés 
Espèce: marginatus Lowe, 1834 = gigas
Brünnich, 1768 = Serranusgigas
Brünnich, 1768 = S. guaza
Mérou brun

Description

Poisson osseux à petites écailles, pouvant atteindre 1,40 mètre de longueur pour un poids de 65 kilogrammes, au corps ovale, massif, brun chocolat avec des taches jaunes. Mais sa livrée peut varier. La bouche est large, la mandibule proéminente et les opercules portent 3 épines.

Les nageoires possèdent des rayons épineux:

-la nageoire dorsale comprend deux parties séparées par une échancrure, une partie antérieure épineuse et une partie molle,
-la nageoire caudale est large et arrondie, bordée de blanc comme
-la nageoire anale qui possède 3 rayons épineux;
-les nageoires pelviennes sont thoraciques, c'est à dire placées au même niveau que les nageoires pectorales. 

Animaux voisins :
-Mérous
° le mérou blanc (Epinephelus aeneus).
°
le mérou badéche (Epinephelus costae= alexandrinus).
°
le mérou gris (Epinephelus caninus) : espèce protégée, pêche interdite.
°
le mérou noir (Epinephelus marginatus) : espèce protégée, pêche interdite.
° le badèche rouge ou rayé ou mérou royal (Mycteroperca rubra) : espèce protégée, pêche interdite.
° le cernier brun (Polyprion americanus) qui peut atteindre 2 mètres pour 70 kg; sa tête porte des aspérités et des épines. espèce protégée, pêche interdite en pêche sous-marine.

-Loups ou bars
° Dicentrarchus labrax gris bleu argenté, peut atteindre 1 mètre de long, a 2 nageoires dorsales; c'est un redoutable prédateur qui chasse à l'affût.

-Serrans
° Serran petite chèvre ou s. chevrette ou saran (Serranus cabrilla) est rouge brique à gris jaune avec des bandes transversales brunes ou rouges.
° Serran écriture possédant des sinuosités sur l'opercule, des bandes verticales brunes et une tache bleue ou violette sur le ventre.
° Barbier (Anthias anthias) rouge, possède une nageoire caudale profondément échancrée, de longues nageoires ventrales et particulièrement le 3 ème rayon.
° Callanthias  rouge (C. ruber) fréquente les grottes sous-marines, a une nageoire caudale échancrée et peut atteindre 25 cm de long. Apogon
(A. imberbis)
rouge orangé, à gros yeux noirs; il fréquente les anfractuosités rocheuses..

Biologie

C'est un consommateur zoophage vorace qui chasse à l'affût, crabes, seiches, poulpes, calmars mais aussi poissons de roches ou de pleine eau. Ce prédateur macrophage (mangeur de gosses proies) trapu et puissant possède des yeux bien développés, des fossettes olfactives très sensibles, une ligne latérale qui réagit aux vibrations et aux variations de la pression de l'eau.

Il peut chasser la nuit et surprendre ses proies d'autant plus facilement qu'il est capable de démarrages foudroyants.

Sa bouche largement fendue porte de nombreuses petites dents sur les mâchoires et le palais; ces dents sont des organes de rétention qui servent à maintenir la proie et à l'empêcher de fuir.

C'est une espèce qui possède une glande hermaphrodite (ovotestis) capable de produire successivement, au cours de la vie de l'individu, des gamètes femelles puis des gamètes mâles (hermaphrodisme protérogyne). On considère que la maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 5 ans, qu'entre 5 et 12 ans l'individu est femelle (protérogynie) puis qu'à partir de la 12 ème année il change de sexe et devient mâle jusqu'à la fin de sa vie, soit 40 ou 50 ans!

Mais certaines observations à confirmer semblent montrer que tous les individus ne changent pas de sexe et que le changement de sexe chez les mâles est plus ou moins précoce. Le mérou se reproduit tous les ans; en été; on assiste en effet entre juillet et septembre, au moment du frai, à des rassemblements de plusieurs individus et à des rituels nuptiaux.

La ponte débute fin juillet et les oeufs donnent des larves puis des juvéniles benthiques. Depuis quelques années la capture de juvéniles sur les côtes de Provence atteste d'une reproduction locale, attribuable sur ces côtes, au réchauffement des eaux.

Protection du mérou brun

Le mérou a fait l'objet d'un moratoire le protégeant contre la chasse sous-marine sur le littoral corse depuis 1980 et depuis il est reconduit tous les 5 ans. Sur notre littoral, sous la pression du Groupe d' Études du Mérou un premier moratoire de 5 ans, a été pris en 1993, reconduit en 1998 jusqu'au 31 décembre 2002, puis à nouveau reconduit le 17 décembre 2007 jusqu'au 31 décembre 2013. Depuis 2003 il a été étendu à toute les formes de pêche à l' hameçon.
Grâce à ces mesures de protection partielle et à l' amélioration de la qualité des eaux, dans les aires marines protégées d'abord (port Cros, Banyuls, Scandola, Bouches de Bonifacio) puis en dehors de ces espaces, les populations de mérous s'accroissent et se rajeunissent (arrivée de jeunes femelles et apparition de juvéniles nés sur les côtes de Provence).

Mais la disponibilité de nourriture et/ou d'habitats dans un espace donné sont des facteurs limitants du nombre d'individus dans la population qui le fréquente; aussi l'argument des opposants à l' interdiction de la pêche au mérou, avançant que l' augmentation des populations de mérous allait entraîner la disparition des crustacés est caduque.

Ainsi, la mission baptisée "Campagne Telliez" menée par le GEM (Groupe d'étude du Mérou) et le Parc National de Port-Cros a dénombré 410 individus pour l'année 2002 contre 299 en 1999 et 165 en 1996 (1) mais il semble que depuis,l' augmentation de la population commence à se ralentir>> peut-on lire dans le numéro 8 du "Journal du GEM" et plus loin que <<lors du dernier symposium international sur les mérous (Nice, mai 2007) les représentants des pays riverains, Espagne et Italie en particulier, ont insisté sur l' urgence d' une protection similaire du mérou dans leur pays.

Signalons une initiative heureuse de la Fédération Française d'Etudes et de Sports Sous-Marins qui vient d' interdire officiellement les compétitions de chasse sous-marine reconnaissant ainsi la prééminence de la Vie sur la distinction ou la médaille!

(1) Elle a aussi enregistré un accroissement du nombre de jeunes mérous (15 cm) probablement issus de la reproduction locale de 2001.

Écologie

Benthique et vagile, il vit en solitaire entre 20 et 200 mètres de profondeur, près du fond, dans les blocs, les éboulis, les zones rocheuses accidentées qui lui offrent plusieurs trous au centre d'un territoire de chasse qu'il parcourt et défend farouchement.

Il semble que l'activité et les déplacements des mérous augmentent en été alors qu'en hiver les déplacements sont plus fréquents mais de faible amplitude; ce qui serait un argument d'une sédentarité réelle en hiver.

maj 06/2017 & 09/2020 & 01/02/2021